Saint Jean de Fos en coeur d’hérault - Site officiel de la mairie

Légende

La Cougourle

Tiré du livre Contes et Légendes de Saint Jean de Fos Association Lo Picart - 2001

En l’an 804, le comte Guilhem, duc d’Aquitaine, fondateur de l’abbaye de Gellone, « a fait don, à celle-ci, du fisc de Liténis, avec ses églises de Saint-Geniès et de Saint Jean, et avec toutes ses dépendances »... Autour de l’église de Saint-Geniès, dans la plaine de l’Hérault, se blottit un petit hameau que d’anciens supposent antérieur à l’agglomération de Saint-Jean.

La légendes des ’’ORJOULIERS’’ ou des "COUGOURLES"
Avant de conter cette histoire, laissez-moi vous fixer le cadre de son déroulement :

Autour de l’église de Saint Jean, adossé aux Causses, derniers contreforts du Massif Central, s’agrippe un village plus important et déjà fortifié. De gros remparts et un beffroi, abritant l’unique porte d’accès au village, permettent de surveiller tout la la plaine de l’Hérault.

Dans les deux villages vivent paisiblement agriculteurs, viticulteurs, bergers et artisans. Parmi ces derniers, on compte une confrérie considérable, les potiers, appelés communément ’’Orjouliers’’ parce qu’ils fabriquent des ’’Orjouls’’, cruches en terre cuite.}

Illustrtion la légende des Orjouliers

Les sarrasins viennent de subir une lourde défaite dans le village voisin à Gignac ;
Ils comptaient sur la nuit pour prendre les gignacois par surprise, mais un âne veillait, qui se mit à braire si fort qu’il réveilla toute la population et donna l’alerte.
Chassés de Gignanc, les Sarrasins longent alors la vallée de l’Hérault et plutôt que de s’attaquer aux places fortes de Saint-Benoît, à Aniane ou de Saint Guilhem, à Gellone ils se dirigent sur Saint Jean de Fors.

Des paysans qui vaquaient à leurs occupations dans la plaine, les voient arriver et se précipitent vers le village. Aussitôt, le tocsin sonne à l’église de Saint-Geniès, repris et amplifié par le carillon du clocher de Saint-Jean. De partout, dans la campagne, les paysans accourent pour s’abriter derrière les remparts. Et chacun de prendre sa position de défense. Pendant que les archers s’échelonnent le long su mur d’enceinte, on ferme la porte du donjon, on abaisse la herse, on fait fondre le plomb, on chauffe l’huile … bref, on attend de pied ferme les envahisseurs qui ne tardent d’ailleurs pas à arriver.

Protégés par leur archers, une bonne vingtaine de Sarrasins manient déjà le bélier et, après plusieurs tentatives, ils parviennent à enfoncer la porte. Mais, Dieu soit loué, la herse résiste bien. Et nos braves Sarrasins ont beau se relayer, c’est sous un déluge de plomb fondu et l’huile d’olive bouillante qu’ils s’amoncellent, en hurlant, devant la porte... Mais petit à petit, le plomb s’épuise et l’huile de même, et nos ennemis reviennent toujours à la charge.

C’est alors qu’un Orjouliers, [1] Germain, dont l’atelier est sis au pied du beffroi, fait monter sa provision de courges (cougourles) de sa réserve au sommet de la tour. Et vous savez, du haut de la tour, les kilos de courges, ça pèse très très lourd !!!!

Et comme cela ne suffit pas à calmer l’ardeur des derniers assaillants, Germain sacrifie tout son stock de belles ’’terrailles’’ : c’est alors une pluie de jattes, d’orjouls et de jarlets qui s’abat sur les sarrasins !...

Quel meli-mélo au pied de la tour !!! Germain, heureux contemple le spectacle et savoure déjà la victoire. De joie, il se met à crier : « Vive les Orjou... » mais une flèche ennemie ne lui laisse pas le temps de poursuivre : elle l’atteint en plein cœur … Pauvre Germain ! Brave orjoulier !...

Les quelques sarrasins encore valides abandonnent cependant la partie et battent en retraite ; il se retirent sur les berges de l’Hérault pour panser leur plaies et prendre une nuit de repos...
Mais au mitan de la nuit, le vent se lève, un vent fou, à arracher la queue de tous les ânes de Gignac.
Une courge (cougourle) creuse et sèche que l’Hérault avait déposée sur un arbre lors de la dernière crue, enfle le bruit du vent dans les branches des saules et le transforme en sifflements sinistres.
La tramontane, déchaînée, souffle si fort que nos Sarrasins croient à une attaque de ces diables de villageois. Lors, la nuit est si profonde, qu’au lieu de franchir le gué, ils se précipitent, tel les moutons de Panurge, dans un de ces traitres ’’gours’’ dont l’Hérault a le secret. C’en fait des Sarrasins qui pétrissent tous, noyés !...

Le lendemain matin, quelques éclaireurs envoyés depuis Saint Jean, en reconnaissance, reconstituent la scène et remontent rapidement au village annoncer la bonne nouvelle. On fête aussitôt la victoire, mais force est de constater aussi les dégâts :pertes matérielles et hélas humaines.
Et tous repensent alors à la mort héroïque de Germain l’Orjoulier !...

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